[EXPO] Ludvig Sahakyan, la poésie du sensible

Depuis le 18 janvier et jusqu’au 25 mars 2017, Ludvig Sahakyan expose à la fondation Bullukian à Lyon. Intitulée Hover, il s’agit de la première exposition personnelle du jeune artiste. Pour cette occasion, il choisit de s’exprimer par le biais d’un corpus de travaux divers. La galerie propose une sélection d’œuvres choisies, qui résonnent entre-elles. Du dessin à la sculpture, en passant par la broderie, la performance ou encore l’installation, partons à la découverte d’un artiste contemporain, lauréat du Prix de Paris et diplômé de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Lyon.

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Ludvig Sahakian, Հովին, Hovin, 2016, gouache, 35×50 cm. © Ludvig Sahakyan, Fondation Bullukian.

« Hov, Hovin, Hover »

Au cours de l’exposition, le spectateur suit un cheminement qui l’amène à circuler entre les œuvres. La lenteur est de mise afin de découvrir et de vivre pleinement l’expérience. L’artiste invite à réfléchir afin de comprendre ses références.
Le titre de l’exposition éclaire sur ses intentions. Dans le texte explicatif que fournit l’artiste, Hover est décliné en «Հով, Hov», une brise printanière dans le langage courant arménien. Mais dans les anciens chants arméniens, le terme prend une signification différente et leur confère un sens particulier :

« Sur la langue de celui qui connaît ce mot, il devient un souffle, une adresse, une demande mais aussi un abri. C’est qu’en demandant aux montagnes d’envoyer un hov, celui qui appelle espère s’abriter, հովին/hovin. S’asseoir, hovin, pourrait-on dire, c’est s’asseoir à l’ombre, mais ce n’est pas vraiment l’ombre, ստվեր/stver, dont on parle ici, mais davantage d’un lieu, lieu d’un abri, à l’abri de l’aveuglant soleil du désert, dont les pieds nus de tout un peuple, qui marche au fil des jours, sur la terre brûlante, du sable asséché de toute vie, cherche, espère, demande aux montagnes un refuge. Parfois sans réponse. »

Hovin est donc à comprendre comme un refuge familier, comme un monde où les souvenirs de tout un peuple continuent d’exister.

« Le douloureux appel des hover [les chants anciens], à travers la profondeur du temps, appelle au retour. Rappelle ce qui a été perdu, ce qui reste, ce qui peut être perdu. […] Hovin, est le lieu où il y a encore le souffle vivant, souvenir du temps, d’un lieu où l’on peut se réfugier, et au printemps qui nous re-vient, repenser à ce que le monde est : des mondes, un autrui, une rencontre. »

Une expression créative marquée par le souvenir arménien

Le choix de l’artiste d’accompagner l’exposition d’un texte explicatif empreint de poésie permet d’éclairer sur ses intentions créatives tout en rendant son art plus complet encore. Ces textes font partie intégrante de ses œuvres et amènent le spectateur à entrer dans le monde de Ludvig Sahakyan. Au cœur de sa démarche se trouve une recherche constante orientée autour du souvenir du monde arménien. Le terme Hover nous amène à considérer la notion de souffle, en tant qu’appel envoyé du profond de notre âme, dans l’espoir de trouver ou de retrouver un lieu où l’on se sente chez soi, un abri capable de nous accueillir.  

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Ludvig Sahakian, Le jardin suspendu. Pâte à pain, gouache, 2016. © Ludvig Sahakyan, Fondation Bullukian.

Si Ludvig Sahakyan vit actuellement à Lyon, il est originaire du Karabakh. À sa naissance, en 1988, cette terre historiquement arménienne est en proie à des conflits avec l’Azerbaïdjan. C’est pour cette raison que sa famille part s’installer en Russie alors qu’il n’est âgé que de deux ans. Ils déménagent en Allemagne en 2004, avant de s’installer en France quatre ans plus tard. L’identité arménienne qui transparaît, et teinte ses œuvres les plus récentes, a essentiellement été transmise par sa famille. Si l’artiste n’est jamais retourné vivre en Arménie, il s’y sent intrinsèquement relié. Sa recherche d’un abri s’exprime par cette exploration de la mémoire, de la mythologie et des traditions populaires du passé arménien. À la fondation Bullukian, Ludvig Sahakyan ouvre les portes de son univers, et à la croisée des frontières, nous invite à venir à sa rencontre.


Tous les textes entre guillemets sont de Ludvig Sahakyan.
Pour connaître les horaires d’ouverture et de visites guidées gratuites de l’exposition, rendez-vous ici.

Amandine Candel

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