L’odalisque sans tête de Catherine Herbertz

Jeudi soir avait lieu le vernissage de l’exposition Insula de Catherine Herbertz. Elle y présentait pour la première fois ses toiles, ses broderies et ses sculptures, toutes en rapport avec la féminité. Mais expliquer l’ensemble serait trop exhaustif. Nous avons donc décidé de vous parler d’un aspect qui nous a marqué, comme beaucoup d’autres visiteurs d’ailleurs : les femmes sans tête !

Réunies dans la série Elles, les sculptures en tissus de Catherine Herbertz ont la particularité de n’avoir aucun visage. Si certaines sont étêtées, d’autres sont simplement lisses ou remplacés par des matières végétales.

L’une de celles qui attirent le plus le regard est une femme nue, allongée par terre.

Installée sur le dos, un bras posé sous la poitrine, l’autre au niveau de la tête, elle tient une position qui se rapproche de celles des odalisques du XIXème siècle, comme la femme d’Ingres, bien que la nôtre ne soit probablement pas une esclave vierge !

 

Néanmoins, leurs attributs charmeurs semblent identiques : les hanches larges, les seins ronds et la peau blanche translucide, qui ne sont pas sans rappeler les Venus allongées qu’a inspiré Titien, figures d’abandon et de sensualité.

On pourrait aussi y voir un aspect sexuel par la présence de cette toison abondante et volumineuse, qui attire l’oeil. Elle semble alors s’offrir au spectateur (d’ailleurs Catherine Herbertz nous la montre, prenant un bain de soleil).

Mais pourtant… Disposée à nos pieds elle nous apparaît dans une position d’infériorité. Dès lors, il ne s’agit plus uniquement de représenter les attributs de la femme mais de les voir dans leurs symbolismes. Le détail qui met la puce à l’oreille, est le visage disloqué de la femme. En effet, à la place de la tête se trouvent ce qu’on pourrait appeler des cheveux – ou bien est-ce l’intérieur de la poupée ?

Sans tête ni visage, elle pourrait perdre son individualité et représenter la Femme ou la Féminité, dans une acceptation plus large. Elle aurait pu faire figure de canon de beauté, mais sans tête, elle se trouve en devenir une critique presque violente. Visuellement, c’est une décapitation. Alors, peut-on trouver ce corps beau ? En définitive, le travail de l’artiste renverrait à l’idée que la femme n’est pas qu’une enveloppe d’autant que c’est bien nous qui devons nous baisser pour la regarder. Ainsi, la femme prend le pouvoir sur notre regard.

Mais finalement, n’est-elle pas simplement morte, là, allongée sur le sol ? Si nous pouvons le croire, nous sommes tentées de voir une forme d’animation. Est-ce par le seul fait de notre regard ? En tout cas, le tissus n’aura jamais semblé autant actif et réfléchi, lui qui est, par nature, inanimé. Et c’est peut-être l’un des talents de Catherine Herbertz.

Nous vous recommandons chaudement d’aller visiter son site internet, pour découvrir le reste de son travail ! http://catherineherbertz.blogspot.fr/

Alicia Martins & Céline Giraud

2 commentaires

  1. […] Si l’odalisque – femme blanche, simplement habillée, dont les attributs sont fièrement…, elle garde habituellement les yeux ouverts. Certaines regardent même éhontément les spectateurs l’admirant. Dans le personnage féminin de Füssli nous ne retrouvons pas cette tradition, à moins de retourner le tableau afin de lui rendre son envergure antique, dont les plis figés de sa robe se rapprocheraient de la sculpture. Chaque courbe est ainsi modelée, mettant en évidence les formes de la femme mais sans jouer de l’outrance. […]

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