Du 1er au 24 décembre, Deuxième Temps vous accompagne jusqu’à Noël !
Chaque jour, ouvrez une nouvelle case de notre tout premier calendrier de l’avent et découvrez une œuvre en lien avec cette période festive.
Et parce qu’un Noël sans cadeaux ne serait pas vraiment Noël, Deuxième Temps vous relaye cette incroyable annonce signée James Rosenquist… Alors, n’hésitez pas à contacter notre rédaction si vous êtes intéressé !

Chef de file du mouvement pop américain, James Rosenquist est, à l’instar de ses contemporains, l’auteur d’une œuvre aussi fascinante que prolifique.
Peintre de panneaux publicitaires dans le courant des années 1960, l’artiste s’est rapidement emparé de l’iconographie de la publicité et des médias pour évoquer, à son tour, les nombreux aspects de la vie moderne.
Narratives, ses peintures s’imposent alors comme un écho au contexte politique et culturel de l’époque, illustrant notamment la dynamique du capitalisme.
Combinant les images par le biais de « collages » d’affiches (issues ou non de la culture populaire), James Rosenquist détourne et remplace l’intention commerciale au profit d’une analyse des relations entre l’homme et la vie contemporaine. Néanmoins, ses peintures comportent parfois une part de mystère dans la mesure où elles peuvent être considérées à la fois comme une critique de la société de consommation et/ou comme un aperçu de la conscience collective américaine.
Peinte en 1964, « Win a New House for Christmas » (Gagnez une maison pour Noël), illustre parfaitement cette double compréhension.
Au premier regard, la composition reprend les codes de l’affiche publicitaire et évoque l’idée de démesure en jouant, entre autres, sur les proportions.
En effet, le prix du bien à remporter reste le seul élément qui se détache de l’ensemble, sa taille et sa couleur captant immédiatement le regard du spectateur au détriment du bien lui-même, étonnamment peu valorisé. De ce fait, la critique consumériste s’impose spontanément, Noël étant ici rabaissé au rang de simple prétexte commercial.
Néanmoins, le manque d’information (mots et visuels coupés) suggère que l’affiche représentée est incomplète.
De plus, la relative sobriété chromatique de cette œuvre (inhabituelle chez James Rosenquist) est également à prendre en considération, l’utilisation du noir et blanc évoquant potentiellement un article publicitaire figurant dans un journal papier. De ce fait, il n’est pas interdit de penser que l’artiste a cherché à représenter, non pas une simple affiche publicitaire mais bien la façon dont le spectateur a l’habitude de lire ce genre d’offre promotionnelle.
En effet, dans une société qui multiplie les annonces et offres diverses, le consommateur que nous sommes a développé une lecture dite « sélective », l’œil ne s’attardant que sur certains détails en fonction de l’importance accordé à l’information et/ou si la présentation de celle-ci est suffisamment accrocheuse. La première source d’attention étant généralement le prix, il est donc compréhensible que celui-ci, particulièrement avantageux, soit valorisé en priorité.
Par ailleurs, le fait que le visuel du bien en question soit coupé semble également suggérer que le prix est plus important pour l’acheteur potentiel que l’architecture, la situation géographique, la capacité d’accueil ou encore l’équipement de la maison qu’il pourrait acquérir.
Toutefois, on peut supposer que la frénésie d’achat et de construction qui s’empare de l’Amérique d’après-guerre sont deux éléments expliquant ce comportement : à l’instar des produits du quotidien, les biens immobiliers sont également produits en série, souvent avec une architecture normalisée et, par extension, impersonnelle.
La valeur ne semblant s’apprécier qu’en fonction du prix fixé, l’offre promotionnelle prend ici tout son sens dans la mesure où elle permettra au gagnant d’accéder à une maison sans doute plus confortable que la sienne. De ce fait, l’artiste illustre également l’espoir commun de tout citoyen américain appartenant à une catégorie sociale modeste ainsi que le concept « d’American Dream » largement popularisé par… l’essor de la publicité.
Marion Spataro