Du 1er au 24 décembre, Deuxième Temps vous accompagne jusqu’à Noël !
Chaque jour, ouvrez une nouvelle case de notre tout premier calendrier de l’avent et découvrez une œuvre en lien avec cette période festive.
Aujourd’hui, Deuxieme Temps revient sur un épisode historique de la Première Guerre Mondiale brillamment représenté par Andrew Edwards.

Épisode à caractère humaniste au cœur d’un des plus épouvantables carnages de notre histoire, la trêve observée le soir du 24 décembre 1914 entre les troupes allemandes et alliées fut aussi mémorable que la violence des conflits sur le front.
En effet, il a fallu le sursaut de la bataille de la Marne pour empêcher ceux qu’on appelle « les casques à pointes » d’atteindre Paris aussi vite qu’en 1870.
En Belgique, du côté de Ypres, l’armée britannique résiste malgré les lourdes pertes engendrées par la Première bataille des Flandres.
Néanmoins, la rudesse des conditions auxquelles les combattants sont exposés en ce premier hiver sur le front provoque un sentiment de respect mutuel.
Par ailleurs, la faible largeur du no man’s land, dans ce secteur du front (quelques dizaines de mètres seulement), engendre une étrange proximité entre les ennemis : on ne se voit pas, mais on s’entend et l’on sent même parfois l’odeur des cuisines…
Côté allemand, on sort des sapins improvisés et on les pose devant la tranchée. Progressivement, des chants de Noël résonnent de part et d’autre des deux camps.
En quelques endroits, les hommes entreprennent même de récupérer leurs morts puis, au bout de quelques longues heures, l’incroyable se produit : Les soldats britanniques et allemands se retrouvent sur le no man’s land et décident de célébrer la paix de Noël en jouant une partie de football.
Alors que certains contestent la réalité d’une telle rencontre, Rémi Cazals, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Toulouse 2, pense au contraire qu’elle a bien eu lieu : Plusieurs documents ont d’ailleurs relaté cet épisode de la Grande Guerre comme le détaille le rapport d’un lieutenant allemand : « Nous avons marqué les buts avec nos képis. Les équipes ont été rapidement formées pour un match sur la boue gelée, et les Fritz ont battu les Tommies 3 à 2« *.
Ce score a aussi été repris dans l’édition du journal britannique The Times du 1er janvier 1915 en se basant sur une lettre d’un docteur britannique de la London Rifle Brigade : « Le régiment a eu un match de football contre les Saxons, qui les ont battus 3-2« .
À l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, le sculpteur Andrew Edwards fut invité par la Football Association à créer le monument en hommage durable aux footballeurs « improvisés » qui ont combattu pendant la Grande Guerre. Inspiré par l’histoire, l’artiste sculpteur décida de décliner son œuvre en plusieurs versions identiques afin de mieux transmettre le message pacifique de la trêve aux générations futures.
Installée en Belgique, l’œuvre originale pris place au cœur de Mesen, ville la plus proche de ce qui est devenu le site le plus connu de la trêve de Noël.
La sculpture en résine grandeur nature, quant à elle, fut installée pour la première fois devant les ruines de l’église bombardée de Liverpool du 14 au 21 décembre 2014 avant d’être exposée au Mémorial de Meningate à Ypres, le lendemain de Noël 2014.
Intitulée « All Together Now » (Tous ensemble maintenant, en français), cette œuvre résonne encore comme un appel au courage des hommes qui, le temps d’une soirée, ont su braver les décisions de leurs états-majors respectifs pour déposer les armes.
Pour aller plus loin : Découvrez la réalisation de cette sculpture et le travail de l’artiste en vidéo en cliquant sur le lien suivant : https://youtu.be/opu9UVimMxs
Marion Spataro
* »Frères de tranchées« , Marc Ferro, Malcom Brown, Rémy Cazals, Olaf Mueller, Éditions Perrin, Paris, 2005