Engagées, solidaires, originales ou parfois… simplement loufoques, les journées mondiales ne cessent de nous étonner et de nous mobiliser en faveur des causes internationales les plus diverses.
Lancée en 2016 par l’Association Paléontologique Internationale sur le modèle du « National Fossil Day » américain, cette journée dédiée aux fossiles et à la nécessité de leur préservation a, plus largement, pour vocation de soutenir les manifestations autour de la paléontologie. L’occasion pour Deuxième Temps de vous faire découvrir des fossiles un peu différents de ceux traditionnellement conservés dans les musées d’Histoire naturelle : les hydropithèques de Joan Fontcuberta.

Artiste contemporain catalan, né en 1955 à Barcelone où il vit et travaille, Joan Fontcuberta a connu pendant sa jeunesse la dictature franquiste, et avec elle la censure et la falsification de l’information. A l’image des méthodes employées sous le régime de Franco pour réécrire l’histoire, l’artiste n’hésite pas à utiliser la provocation, le détournement, la mystification ou encore la création de fausses preuves pour concevoir et mettre en scène des œuvres dont la réalité est à la fois vraisemblable et insolite.
Prétendu journaliste scientifique du National Géologic, Joan Fontcuberta propose entre 2003 et 2013 une excursion à la recherche de fossiles d’Hydropithèques découverts au début des années 50 par l’abbé Fontana (dont il interprète également le rôle).
« Les Hydropithèques, qui se seraient éteints au Miocène, il y a dix-huit millions d’années, présentent une morphologie incroyablement semblable à celle des ancêtres aquatiques des hominidés. Leurs caractéristiques anatomiques les rapprochent de l’ordre des siréniens ou mammifères aquatiques, parmi lesquels se détachent le dugong et la rhytine de Steller. Mais, au-delà de la zoologie connue, ces squelettes pétrifiés font rêver à la figure légendaire des sirènes, et confirment poétiquement que l’être humain est peut-être issu de l’eau. »
Découverte surprenante pour les anthropologues évolutionnistes !
Les sirènes, ces êtres que l’on pensait légendaires, seraient-elles le chaînon manquant entre l’Homme et les mammifères marins ? Tel est l’étonnante question que semble poser l’artiste aux spectateurs ainsi qu’à l’ensemble de la communauté scientifique.
Comme dans la série Fauna, Joan Fontcuberta explore le thème de l’hybride, allant jusqu’à exposer ses « fossiles de sirènes » au cœur de la Réserve géologique de Haute-Provence, aux côtés de vrais fossiles pour crédibiliser sa « découverte ».
On ne sait pas pour vous mais, chez Deuxième Temps, on a eu presque envie d’y croire !
Marion Spataro