Lundi 15 Avril 2019, le monde entier découvre les tristes images de Notre-Dame de Paris, en proie aux flammes d’un incendie si violent qu’il aura fallu presque douze heures pour le maîtriser.
Debout mais blessée, la cathédrale a perdu son emblèmatique flèche ainsi que sa charpente. De nombreuses dégradations au niveau de la voûte sont à déplorer et le petit orgue, qui se trouvait sous la flèche, reste l’un des éléments les plus endommagés de la structure.
Or, alors que le brasier emportait encore l’édifice, de nombreuses cagnottes en ligne (près de 1800 en 24h) ont été lancées pour aider à la reconstruction de Notre-Dame :
Le site DARTAGNANS, spécialisé dans le crowfunding patrimonial, artistique et culturel, a mis en place une « urgence Notre-Dame » suivi immédiatement par La Fondation du patrimoine, laquelle a lancé une « collecte nationale » disponible sur le site de la fondation et sur don.fondation-patrimoine.org.
A l’étranger, des cagnottes ont également été mises en place à l’instar de « Reconstruction of Notre Dame Cathedral » proposée par le site GO FUND ME qui enregistrait déjà plus d’une centaine de dons en seulement quelques heures.
Des fonds à hauteur de près d’un milliard d’euros qui devraient aider l’Etat français, d’ores et déjà engagé dans le programme de reconstruction de la cathédrale, mais qui permettent également de souligner l’importance accordée à la sauvegarde du patrimoine national.
Car, si le drame de Notre-Dame de Paris illustre bien la nécessité de protéger les joyaux de notre patrimoine, qu’en est-il pour les édifices moins prestigieux qui disparaissent sans un bruit et sans aucun centime pour aider à leur reconstruction ?
Au 25 septembre 2013, l’Observatoire du patrimoine religieux recensait près de 48 552 édifices culturels en France dont 44 976 églises et chapelles catholiques sur 57 départements. De même, la base Mérimée, établie par les services de l’inventaire du ministère de la Culture, proposait une liste de 25 910 églises, chapelles et temples d’intérêt patrimonial.
Or, dans un document finalisé en janvier 2013, la direction de l’architecture et du patrimoine (DAPA) a évalué à 20% la proportion de ces monuments qui seraient en situation de péril dont la plupart appartiennent à des communes de moins de 2000 habitants et qui, à de rares exceptions près, ne disposent pas de ressources suffisantes pour financer les investissements nécessaires à leur sauvegarde. Et c’est dans cette même logique que l’OPR, dans un communiqué au titre alarmant, (« combien d’églises détruites dans 20 ans ? ») prévoit que, sauf mobilisation majeure des Français, près de 10% de cet ensemble monumental pourrait avoir disparu à l’horizon 2030 soit entre 5 et 10 000 édifices.
Dès lors, quelles conclusions tirer de la situation si ce n’est la nécessité d’oeuvrer pour une meilleure redistribution des dons alloués à l’entretien du patrimoine ?
A l’heure où l’importance du patrimoine, gardien de nos racines et de notre identité nationale, est enseigné dans nos écoles, comment expliquer que les promesses de dons et les subventions de l’Etat ou des collectivités augmentent toujours proportionnellement à « l’importance » de l’édifice et ce, au détriment parfois d’ensembles patrimoniaux plus modestes mais irremplaçables dans le coeur des habitants…?
Peut-être est-ce là l’une des leçons à retenir du drame subi par la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Car, si nous sommes capable de nous mobiliser pour sauver ce trésor architectural, songeons à ce que nous pourrions faire si seulement un quart de ce dynamisme était alloué à la sauvegarde des autres joyaux de notre patrimoine national…