Le printemps est là, les fleurs bourgeonnent. On a envie de mettre la nature au cœur de cette sélection découverte. Cette thématique a déjà été expliquée, notamment au travers du land art, des produits manufacturés et aussi de l’art organique : la nature offre un sujet et un espace idéal à la création artistique et ce depuis les années 60-70, posant les principes de ce qui allait devenir l’art naturel. Les artistes souhaitaient mettre en évidence les détails des paysages que les citadins ne remarquaient plus, proposant ainsi des promenades lentes.
L’histoire de l’art regorge de représentations champêtres et bucoliques. Les peintres de la nature montrent aussi des compositions de fleurs colorées et variées, semblables à des vanités. Parmi elles, on retrouve l’artiste Janmot et sa série du Poème de l’âme. Découpée en quatre cycles, son projet était ambitieux et n’a pu être mené à bien. Toutefois, le premier fut accompli et nous dévoile des peintures poétiques sur l’initiation religieuse d’un enfant.

Entouré de fleurs, le cadre est empreint de douceur et de bienveillance. Il est intéressant de voir que la nature est un sujet universel dans l’art. Parfois mélancolique, festive ou tragique, elle pose un décorum sensible et narratif pour le spectateur. Van Gogh en a, lui aussi, perçu tout le potentiel. Contrairement à l’image qu’on lui prête, cet artiste était loin d’être constamment torturé. On retrouve dans sa monographie des tableaux véhiculant une atmosphère poétique et plutôt positive. Par exemple, les amandiers annoncent traditionnellement le printemps et donc le renouveau, et ont été choisis par l’artiste pour célébrer un moment heureux : la naissance de son filleul.

L’artiste produit ici sans vraiment le savoir une œuvre originale pour l’époque, par le choix du sujet et l’angle choisi. Seules les branches sont dépeintes, sans tronc, rappelant l’ukiyo-e. Certains y voient aussi un espoir de renaissance exprimé pour l’artiste lui-même, qui était alors particulièrement tourmenté.
Plus proche de nous, Michel Blazy propose Pull Over Time, dont l’objectif est de mettre en parallèle l’obsolescence et de la possibilité de renouveau offerte par la nature.
Posant les questions des déchets plastiques, Blazy incorpore de la végétation dans des objets du quotidien et la laisse reprendre ses droits. Complètement évolutif et périssable, ce travail interpelle le regard et questionne nos consommations usuelles. La part éphémère est alors revendiquée comme représentative de la fragilité de la nature mais aussi sa force : seul être animé dans ces sculptures, elle est pourtant malmenée par nos habitudes consumériste.