L’art de la fontaine

L’art est décidément de partout ! L’eau, par exemple, est un motif intéressant autant par sa symbolique que ses capacités plastiques. On la retrouve d’abord dans les fontaines, qui avant d’être des ornements, lui servaient de réceptacle. Placée au centre du village, elle prétextait aussi la rencontre, ce qu’attestent certains tableaux comme Eliézer et Rébecca peint par Nicolas Poussin.

Rébecca, femme du patriarche Isaac (Genèse, ch. 24 à 27). Fille de Batouel, neveu d’Abraham, elle habitait la Mésopotamie. C’est là qu’Eliézer, envoyé par le patriarche pour chercher une épouse digne de son fils Isaac, la rencontra au bord d’un puits et lui offrit des présents au nom de son maître. Elle le conduisit à la demeure de son père, et, avec la permission de celui-ci, le suivit dans le pays de Canaan, où, mariée avec Isaac, elle devint la mère d’Esaü et de Jacob. Leur union reste longtemps infertile, puis Rébecca est enceinte de jumeaux. Sa grossesse est pénible, parce que les deux enfants se battent dans son sein. L’Eternel lui prédit que deux nations seront issues de ces deux garçons et que l’aîné servira le cadet. Quand Isaac fut devenu vieux et aveugle, Rébecca usa de stratagème pour que Jacob, son préféré, reçût, à la faveur d’un déguisement, la bénédiction que le patriarche croyait donner à Esaü. Rébecca fut enterrée dans la caverne de Macpéla, à Hébron.

http://mythologica.fr/biblique/rebecca.htm

La maîtrise de l’eau

Qui dit fontaine, dit nécessairement eau. Non seulement vitale, elle arbore différents symboles dans la mythologie et les rituels : on l’utilise lors des baptêmes, elle purifie l’humain et son écoulement est une métaphore de la vie. Quant au mot fontaine, signifiant « eau vive qui sort de terre » (selon le premier dictionnaire de l’Académie française), il nous rappelle qu’avant l’invention des systèmes de tuyauterie, les bassins devaient se situer sur des sources abondantes. La Fontaine de Jouvence n’est donc plus très loin !

Suivant les époques, la fontaine prit différentes formes, allant du simple robinet aux constructions monumentales, comme celle de Trévi, devenant ainsi un ornement et l’expression de la magnificence des royaumes. Par elle, l’humain montre qu’il maîtrise l’eau, l’architecture et la science afin de rehausser l’éclat des jardins et des villes.

La fontaine-sculpture

De nos jours, en Occident, la nécessité d’avoir une fontaine étant relativement moindre, les artistes se sont penchés sur ses formes pour en créer de nouvelles, comme le fit Pol Bury qui en réalisa une soixantaine.

De loin, celle de la Fondation Maeght ressemble à une masse assez uniforme. La matière utilisée participe à cet effet en réfléchissant la lumière. Les contrastes y sont faibles, conférant aux surfaces une certaine platitude et figeant la sculpture. Pourtant le mouvement existe bel et bien ! Il est d’ailleurs considéré comme un médium à part entière par Bury. En effet, ayant amplement participé au courant « Art cinétique » de 1960, l’artiste en récupère tous les concepts qui imposent aux objets d’être mus.

« Fontaines ou sculptures, chacune fera ce qu’elle voudra dans un lieu,
elles ne m’appartiennent plus,
elles vivent leur vie propre avec leur soleil, leur lune, leur pluie.
Quand une fontaine est dans la nature, elle atteint son point final, son apogée ;
elle respire, elle s’oxygène »

Pol Bury

L’inertie ne pouvait plus durer, il fallait mettre l’art en mouvement ! Ainsi, dans La Fontaine, les cylindres semblent chercher leur équilibre, titubant d’avant en arrière. C’est un véritable parcours que l’artiste met en place pour l’eau : tel un moulin, les tuyaux basculent, actionnant des mécanismes discrets.

Le mouvement cinétique confère à l’installation un caractère hypnotique : on pourrait passer de longues minutes à observer ces mouvements lents, presque insignifiants !

L’eau est donc une énergie permettant des jeux visuels mais aussi sonores provoqués par l’écoulement. On y retrouve quelque chose de la Drip Music de George Brecht qui consiste à verser du liquide depuis une certaine hauteur, dans un contenant. En faisant varier la densité, différents sons sont ainsi produits.

Exemple de dripping. La mise en scène fait aussi partie du concerto.

Cette connotation musicale est clairement énoncée dans la Fontaine Stravinsky, de Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle, qui, comme son nom l’indique renvoie au compositeur classique. Dans les fontaines que le couple fit, on retrouve quelque chose de théâtral, comme si les personnages inventés par la femme artiste prenaient place sur une scène aquatique.

On perçoit aussi le même rythme répétitif que chez Bury, bien qu’ici ce soient les mécanismes de Tinguely qui le créent.

Participants à l’art public, ces fontaines ne sont donc plus de simples ornements ou du design urbain, mais des expressions ludiques des mouvements de l’eau. Il ne s’agit plus seulement de faire écouler un liquide mais de l’utiliser pour faire une œuvre unique, mobile et sonore.

(Cliquez pour voir plus loin : le site de Pol Burry, le mouvement cinétique et une explication de la Fontaine Stravinsky)

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