Minimalisme : un art tout sauf minimal !

Héritier du modernisme pour l’architecture, le minimalisme a su conquérir la toile de nombreux peintres depuis son apparition dans les années 60 à New York. Il formulait une réponse aux œuvres du mouvement Pop Art, jugées « clinquantes ». Beaucoup d’artistes, qu’ils soient peintres, sculpteurs ou musiciens, ont pris ce mouvement sous leurs pinceaux, matériaux et instruments pour en faire un courant en vogue chez les designers d’aujourd’hui.

L’œuvre se suffit à elle-même

Quelques siècles plus tôt, Léonard De Vinci chantait les louanges du détail, véritable incarnation de la perfection selon lui. Dans les années 60, le minimalisme (connu également sous le nom d’art minimal) bouleverse les concepts et courants artistiques déjà en place en ne portant que peu d’importance à ces éléments. Sa particularité ? Frank Stella, considéré comme un des précurseurs du mouvement, l’a décrit lui-même : « ma peinture est basée sur le fait que seul s’y trouve ce qui peut y être vu » ! Une simplicité picturale qui se traduit par des lignes droites, des formes régulières (notamment géométriques) et sans interprétation.

Un art dénué d’émotions

Aucune symbolique dans les œuvres minimalistes ! Cet art joue de la manière la plus primaire possible sur les formes et les couleurs. Difficile d’en parler sans citer Ad Reinhardt et Kasimir Malevitch, deux grands peintres qui ont contribué au succès du mouvement à l’échelle internationale. Si vous ne deviez retenir qu’une œuvre pour décrire le minimalisme, ce serait le célèbre Carré Noir sur Fond Blanc de Malevitch en 1915, qui reste un siècle plus tard la référence du mouvement… avec 40 ans d’avance !

Figure  "Carré Noir sur Fond Blanc", K. Malevitch, 1915
Figure « Carré Noir sur Fond Blanc », K. Malevitch, 1915, 79.5 x 79.5 cm, peinture – huile sur toile, lieu : Galerie Tretiakov (Russie)
Ad Reinhardt, Ultimate Painting n° 6, 1960
Ad Reinhardt, Ultimate Painting n° 6, 1960, huile sur toile, 153 x 153 cm, Crédit photographique ©Adagp, Paris

Ad Reinhardt, quant à lui, a voulu tester les limites de la visibilité. En 1960, il réalise Ultimate Painting n°6, une peinture sombre et monochrome, proche du noir et dont le spectateur crée sa propre définition de l’œuvre. Aucun détail à l’horizon…
Après les formes simples et les couleurs unies, passons aux lignes, objets souvent présents dans ces peintures. L’artiste associé, c’est Frank Stella, spécialiste des lignes droites et incurvées, en couleurs et en noir et blanc. Nous allons rester dans le thème du black and white avec cette dernière œuvre qui définit brillamment le mouvement : très peu d’éléments de détails qui n’empêchent pas la compréhension de l’œuvre.

Avec Mas o Menos, l’artiste signe en 1964 une réalité matérielle au tableau. Réalisée à l’aide de poudre métallique, cette œuvre en zigzag occupe l’espace par ses droites parallèlement géométriques. Il insufflera une nouvelle vision du minimalisme, celle où le tableau devient l’objet d’une réalité plus ou moins fictive, et dont la délimitation du cadre représente notre environnement.

Mas o Menos, Frank Stella, 1964
Mas o Menos, Frank Stella, 1964, 300 x 418 cm, poudre métallique dans émulsion acrylique sur toile

De nombreux artistes suivront la trace de ses réflexions en sortant du cadre des peintures traditionnelles, à l’image de Donald Judd dans le début des années 90 qui concevra des œuvres sur plusieurs mètres de hauteur, sans pinceaux mais grâce à des objets (plaques de plexiglas par exemple), toujours dans l’esprit minimaliste de simplicité.

Virginie Ludwiczak

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s