Notre-Dame de Rosaire, située à Saint-Fons, est une église datée du XIXe siècle, plus exactement de 1864 pour sa partie la plus ancienne. C’est un élément architectural important pour la ville, qui ne devient indépendante de la commune voisine qu’en 1888, autant en raison de sa datation que pour ses vitraux.

Son architecture reste sobre : en grand appareil, sa façade est composée d’un portail dont le tympan en arc brisé est décoré d’un trilobe à l’intérieur duquel est sculptée une croix. Elle est animée d’une rose au-dessus de laquelle se trouve un trilobe où il devait y avoir une figuration.
Un support narratif
Notre-Dame du Rosaire est alors remarquable pour d’autres éléments : ses vitraux. Tout bâtiment de culte de la chrétienté en est orné. Médium pour des scènes bibliques, ils ont toujours été un support primordial dans l’architecture religieuse comme à Saint-Denis. Ils sont aussi un moyen pour faire pénétrer la lumière, qui depuis le Moyen Âge est un élément essentiel puisqu’elle est perçue comme divine. Les vitraux sont également nécessaires pour animer l’intérieur des bâtiments, leurs couleurs vont être transposées par l’éclairage naturel permettant un jeu de lumière à l’intérieur. Ceux d’origine, datés du XIXe siècle, ont été détruits par l’explosion de l’atelier de chargement de Vénissieux le 15 octobre 1918. Ce n’est qu’en 1921 que la ville passe une commande à Augustin Burlet afin de remplacer les cinq vitraux du chœur. Ce dernier, lyonnais d’origine, entre à 16 ans à l’école des Beaux-arts puis se perfectionne dans l’art verrier à Lausanne. A son retour, il réalise les panneaux vitrés de l’église Saint-Augustin à la Croix-Rousse. La commande pour Notre-Dame du Rosaire est importante, il doit harmoniser les vitreries dans le transept ; toutefois il laisse cours à sa maniera pour l’abside.

Il utilise des couleurs profondes et sombres, mais laisse pénétrer la lumière par touche. Ses œuvres sont nombreuses dans l’édifice : la Résurrection, l’Ascension, la Pentecôte, le Couronnement de la Vierge, la Vierge remettant le Rosaire à Saint Dominique. Ses personnages reprennent des codes de représentations connus depuis la Renaissance. Pour anecdote, il a figuré le Christ et la Vierge avec deux couleurs de cheveux (blond et brun) sur diverses scènes.
Le vitrail contemporain
Ces vitraux s’accordent avec le style XIXe et les décors restaurés alors que d’autres semblent différents. En effet, un autre artiste prend part à la réalisation de vitraux : Joël Mône. Créateur lyonnais, il réalise la rose sur la façade ainsi que les vitraux du transept et de la nef. A l’origine, la ville lui avait commandé toute la réfection des vitraux, néanmoins les paroissiens se sont opposés à ce que tous soient changés. Joël Mône fait ses armes auprès du maître verrier Joséphine Lamy Paillet en 1977 à Lyon, qui lui inculque son savoir-faire ainsi que sa conception des couleurs. Il va alors travailler sur une dimension particulière du vitrail : la transparence et l’application des couleurs. Ses panneaux peuvent étonner : contemporains, on ne les attend pas dans une église.
Pourtant, il s’avère qu’ils y trouvent leur place en reprenant des scènes bibliques comme la Crucifixion. Contemporanéiste, il représente la trinité en un triangle qui se situe de manière sommitale sur ses œuvres. Il travaille également sur une autre dimension : la musique. Notre-Dame du Rosaire étant aussi une salle de concert, il insère une clef de sol sur les visuels de la nef afin de rappeler cette fonction. Il faut noter que pour autant, l’harmonie des thèmes et des couleurs est bien présente dans l’édifice.

Ses œuvres sont prenantes, l’éclairage et la lumière filtrant à travers le verre amènent une nouvelle perception des scènes. L’application chromatique permet de donner du mouvement qui, combinée aux couleurs, transmet de l’émotion. La technique et la palette chromatique sont alors le support de transposition des émotions dans l’art.
Ophélie Nimeskern