Danse classique d’hier et d’aujourd’hui

Le Saint-Pétersbourg Ballet Théâtre fait, pour la quatrième année consécutive, un carton avec Le Lac des Cygnes. L’Opéra Russe, quant à lui, a séduit le public lyonnais avec Gisèle le 10 juin passé. Si depuis quelques décennies l’école russe excelle dans cet art, celui-ci reste le témoin de la grandeur française passée et le meilleur ambassadeur du savoir-faire français.

Du « balleto » italien à la danse classique française

La danse classique, dans sa forme primitive, est une danse destinée à distraire les invités de la cour italienne dans les années 1500. Appelé « balleto », cet art est introduit à la cour de France par Catherine de Médicis qui, en épousant le roi Henri II, devient reine de ce même pays en 1533. Passionnée d’art et grande mécène, elle encourage la création artistique et le développement de ce divertissement. A la cour de France, le balleto est un spectacle mêlant paroles, chants, versets, décors et costumes.

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Crédit : https://pixabay.com/fr/salle-de-bal-v%C3%AAtements-costume-2026681/ – Dimensions : 583 x 720

Pourtant, au XVIIe siècle, cet art décline. Mais c’est sans compter sur la détermination du roi Louis XIV, un mordu de danse, tout particulièrement du menuet. En mars 1661 l’Académie Royale de Danse voit le jour avec pour mission de codifier et normaliser cet art. La « belle danse » passe ainsi, de baroque à classique sous l’impulsion de Charles Louis Pierre de Beauchamps. En effet, d’expressionniste, cette danse devient normalisée et figée dans l’expression d’une nouvelle forme de beauté et de recherche de perfectionEn juin 1669 est créée l’Académie Royale de musique qui, plus tard, deviendra l’Opéra de Paris. Le roi Louis XIV accorde en effet, au poète lyonnais Pierre Perrin et au compositeur Robert Cambert, le privilège  d’« Académie d’opéra ou représentations en musique et en langue françoise ». Ensemble, ils vont créer un premier opéra français et faire de cette institution un lieu d’interprétation et de création qui regroupera tous les corps de métier nécessaires pour représenter ce nouveau genre artistique : orchestre, chanteurs, chœurs, danseurs, costumiers, etc.

A la fin du XVIIème siècle, la France a acquis une grande notoriété en matière d’art. L’Opéra de Paris sera pendant près de deux siècles le plus important théâtre d’Europe. L’art de la danse ne cesse de se développer jusqu’à s’affranchir des autres arts scéniques. C’est ainsi, qu’au XIXème siècle, le ballet prit la forme que nous lui connaissons sous l’influence des écoles dites danoises, russes, italiennes ou françaises. A cette époque, notre culture rayonne, le français est la langue officielle de la majorité des cours européennes, renforçant encore un peu plus le prestige du langage du ballet.

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Don Quichotte, ballet en 4 actes et 8 tableaux créé par Marius Petipa et présenté pour la première fois au Théâtre Bolchoï en 1869. Crédits : https://pixabay.com/fr/ballet-performance-don-quichotte-545289/

Le monde des petits rats, un univers tricolore

Dès 1661, Pierre Beauchamps définit les positions de base : 5 pour les pieds, 3 pour les bras ; ainsi que les figures élémentaires : chassés, assemblés, sissones, entrechats. Cette codification des pas, publiée en 1700 par Raoul Roger Feuillet dans « Chorégraphie ou art de la danse », instaure le français comme langue de référence de la danse. Par la suite, l’émigration de talentueux maîtres de ballet français va perpétrer l’usage de cette terminologie : Arthur Saint Léon et Marius Petipa à Saint-Pétersbourg, Antoine Bournonville au Danemark; Joseph Mazilier à Saint-Pétersbourg puis à Bruxelles font briller l’école tout autant que la langue française.

Quant au « tutu », Eugène Lami, costumier de l’Opéra de Paris entre 1830 et 1835, l’aurait imaginé afin de répondre aux exigences du romantisme de l’époque. Mais l’histoire retiendra Marie Taglioni et son costume  dit « juponnage » dans le ballet Les Sylphides. Ce modèle servira de base de travail à Paul Lormier qui, finalement, le raccourcit et le dote d’une superposition de tulles pour Giselle en 1841. Au XXème siècle, les grands créateurs français s’intéressent à la danse, lui apportant élégance et raffinement. C’est alors que naissent les couples artistiques Coco Chanel et Diaghilev, Jean-Paul Gaulthier et Régine Chopinot,Yves Saint-Laurent et Roland Petit, Lacroix et Balanchine.
La renommée française est également portée par la célèbre marque de chaussons : Repetto.  Rose Repetto crée en 1947 un chausson de danse pour soulager les douleurs de son fils, Roland Petit. Elle utilise une méthode inventive : le « cousu-retourné » afin que le chausson ne blesse plus le pied du danseur. Très vite les plus grands danseurs l’adopte. Ce produit 100% français est d’abord manufacturé à deux pas de l’Opéra puis, à partir de 1967 à Saint-Médard d’Excideuil, en Dordogne. En ce qui concerne les pointes, la marque française fournit les meilleurs chaussons d’apprentissage même si le leader  des pointes de représentation est une firme australienne : Bloch.

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Crédits : https://unsplash.com/@adamlittmandavis?photo=uu8hSBAWD_c

Le 10 juin, j’étais dans les gradins de l’Auditorium pour applaudir la performance de la troupe russe. Prendre conscience que toutes les danseuses de ballet d’hier, d’aujourd’hui et de demain parlent un langage commun, partagent un bout de notre histoire et apprennent à aimer un peu notre culture, m’émeut toujours…

Céline Redon

 

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