En ce moment, le musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Étienne propose une exposition mettant à l’honneur des artistes de grands courants des XXe et XXIe siècles, travaillant avec des objets.
L’objet comme témoignage/mémoire
Le titre « Archéologie du présent » renvoie à la discipline scientifique dont la vocation est d’étudier l’homme à travers l’histoire, grâce aux vestiges d’objets, d’architectures ou autres. Grâce à elle, nous apprenons ce qu’étaient les habitudes, les coutumes et les manières de vivre de l’humain suivant les époques. Ainsi, l’exposition pensée par Sébastien Delot, conservateur du MAMC, cherche à montrer la société « objet » aujourd’hui, comme le fait Daniel Spoerri.

Le procédé de ce travail est simple et cérémonial : après avoir dégusté un repas, partagé avec ses convives, l’artiste en garde chaque objet voire trace, en le fixant sur un panneau rigide. Afin que la conservation soit durable, il enferme le tout sous un verre épais et le dispose dans un musée, à la verticale. À partir de là, les éléments deviennent des détails intriguants pour le spectateur : non seulement Spoerri fait entrer les objets dans l’art, mais en plus la banalité du quotidien dans le musée.

Cette intention est partagée par le groupe « Nouveau Réaliste » auquel il appartient (1960-1970) – dont le MAMC présente aussi des travaux d’Yves Klein, Arman, Niki de Saint-Phalle et d’autres. Considérant que le réel doit entrer dans la fiction de la création, ces artistes utilisent l‘objet usuel comme un témoin visuel de la société. D’ailleurs, eux-mêmes utilisaient cette expression d’archéologie pour parler de leurs travaux et démarches.
Les nouveaux réalistes considèrent le Monde comme un tableau.
Pierre Restany
Par l’objet, il s’agit donc de restituer une trace de vie pour la faire entrer dans un musée intime et social.

Ce travail de Christian Boltanski, fait référence à l’enfance perdue que l’artiste s’efforce de retrouver. Les reconstitutions ressemblent à des fossiles de la mémoire, que tout un chacun partage. Métaphoriquement, la fragilité de la pâte à modeler pourrait exprimer à quel point le souvenir l’est aussi et combien il peut être difficile de se souvenir.
L’objet devient art
Une question, soulevée par les premiers artistes de l’objet, et mise en exergue dans cette exposition, est intéressante à étudier : quand est-ce que l’objet manufacturé devient de l’art ? En effet, a priori, il n’en porte pas les propriétés. Conscient de cela, Dada (1916) et le Surréalisme (1920) en ont beaucoup joué, à l’image de Marcel Duchamp avec son Urinoir.

Cette petite Boîte en valise regroupe une partie des travaux majeurs de la carrière de Marcel Duchamp : on y voit un Nu descendant l’escalier, un Urinoir, une mariée, etc. Le concept qui a révélé cet artiste est le Ready-Made, consistant à dire que tout est art dès lors que l’intention d’un artiste lui confère ce statut. Mais est-ce que la signature suffit à faire oeuvre ? Ou même le fait qu’on place un objet dans un musée ?
Les possibilités de création offertes par cette conception du tout-prêt a étendu les champs plastiques de l’art : Yves Klein signera le ciel, Ben tous les objets… C’est une véritable révolution qui s’opère, rendant malaisée une autre. Car après avoir dit que tout pouvait devenir art, que restait-il aux artistes ?
Le temps passe et ne revient pas, nous disent ces artistes. Témoignant de la fragilité de la mémoire intime et universelle, ils tentent de figer pour toujours ce qui a été. Par ce truchement temporel et artistique, ils font entrer notre petite histoire banale et quotidienne dans la grande humaniste. C’est une trace, un musée de l’histoire commune, une archéologie sociale que cette exposition rassemble.
Vous retrouverez toutes les informations sur l’exposition « Archéologie du présent » sur le site du MAMC.
Alicia Martins
[…] d’un retour à zéro de l’art ont cherché de nouvelles formes artistiques. Proches des nouveaux réalistes, leurs influences étaient puisées dans le quotidien : les changements soudains et drastiques […]
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[…] vous souhaitez en apprendre plus sur Spoerri et sa démarche, suivez le lien […]
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[…] et utilisé pour devenir une oeuvre. Il s’agit de procédés utilisés en particulier par Spoerri, Arman, et César, pour les plus connus. Spoerri faisait figurer des restes de repas sur des toiles […]
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