Poursuivons notre voyage à travers la richesse de l’art malgache. Dans le premier article, je vous parlais du Kabary, cet art de parler malgache arrivé dans l’île bien avant l’écriture. Je vous parlais également de la première forme d’écriture, le sorabe ou grande écriture en malgache, introduit dans la Grande Île vers le XVIe siècle par un groupe islamisé et qui ressemblait beaucoup à l’alphabet arabe. Le sorabe était écrit sur un support s’appelant le taratasy – papier en malgache – antemoro. Car ces groupes islamisés se sont installés dans le Sud-Est de Madagascar et leurs descendants sont les Antemoro ou Antaimoro, constituant une des 18 éthnies de Madagascar.

Ne croyez pas que ce papier ressemble au papier tel que nous le connaissons c’est-à-dire lisse et blanc comme les feuilles A4 ou les feuilles des pages de nos cahiers. C’est tout le contraire. Le papier antemoro est rugueux au toucher et de couleur écrue. Il est fabriqué à partir de avoha, une écorce fibreuse. La technique de fabrication est artisanale. Si dans le temps , les papier antemoro servaient de support aux écrits sacrés, leur utilisation s’est depuis démocratisée si bien qu’ils sont déclinés en objets décoratifs et sont le plus souvent décorés de fleurs séchées. On les trouve sous forme de jolies cartes de correspondance que l’on s’envoie à certaines occasions, en sacs, en albums photos, en faire-part, etc. Aujourd’hui, le papier antemoro dépasse non seulement les frontières de la région Sud-Est de Madagascar pour s’étendre à d’autres régions, mais dépasse également les frontières de la Grande Île.

Hobimala Raveloarison